Une vitesse mal gérée et c’est la catastrophe : la photo est floue ! Vous n’avez plus qu’à la supprimer et recommencer. Je vais vous donner tous les conseils pour en finir avec les photos floues et que vous sachiez contrôler le mouvement sur vos images.
Mais avant petit rappel : La vitesse s’exprime en secondes ou fractions de secondes et permet à la fois de gérer la luminosité de l’image (cf article comprendre facilement le triangle d’exposition) et le mouvement. La vitesse peut aller de 30 secondes jusqu’à 1/8000 s (temps variable selon les appareils photos). Si vous avez du mal avec les fractions : sachez que plus le chiffre est grand derrière la barre oblique, plus la vitesse est rapide.
Le problème
Pourquoi une photo est floue alors que le sujet est statique ? La raison est simple : le flou est produit par le mouvement de l’appareil photo au moment du déclenchement. Passée une certaine vitesse, le moindre tremblement de votre corps (respiration, battements de cœur, balancement du corps, tremblement des mains…) peut entraîner une image complètement floue comme sur l’exemple ci-dessous.
On appelle ce flou un flou de bougé. Lorsque le moindre petit mouvement s’inscrit sur l’image tout entière, c’est que la vitesse choisie par l’appareil photo n’était pas suffisamment rapide par rapport la luminosité ambiante. Sur l’exemple ci-dessus, la vitesse était de 1/4 s.
Les solutions
Il existe plusieurs solutions pour en finir avec les photos floues :
- Augmentez la vitesse.
Et qui dit augmenter vitesse, dit perdre en luminosité. Aussi, pensez à changer l’ouverture ou la sensibilité pour retrouver une exposition correcte. - Utilisez un trépied et une télécommande (bien que facultative).
Le trépied est un accessoire vraiment pratique dont je ne pourrais plus me passer car il soulage non seulement mon dos et mon cou (les possesseurs de reflex me comprendront. :-)) mais il permet surtout de prendre des photos sans se soucier de la vitesse.
La télécommande est aussi très pratique car elle permet d’éviter le moindre petit mouvement au moment d’appuyer sur l’appareil. Cependant, on peut très bien se passer d’une télécommande et utiliser le retardateur de l’appareil photo. Les quelques secondes d’attente serviront à re-stabiliser l’appareil photo. - Tenez bien votre appareil photo et retenez votre respiration au moment du déclenchement.
Pour gagner en stabilité, cessez de respirer au moment d’appuyer sur le déclencheur. Pensez-y, vous n’aurez sûrement pas le reflex au début. Et puis, avec le temps, vous le ferez sans vous en rendre compte !
Si vous prenez vos photos directement au viseur, calez vos bras bien contre votre poitrine. Ne laissez pas les bras dans le vide car vous serez moins stable. - Vérifiez si votre objectif ne possède pas un stabilisateur.
Certains objectifs, surtout les longues focales et objectifs macro, sont dotés d’un stabilisateur qu’on peut activer / désactiver quand c’est nécessaire. Ce n’est pas une solution miraculeuse mais ça permet de prendre des photos à des vitesses plutôt basses sans trop risquer d’obtenir une photo floue.
Attention, il faut absolument retirer le stabilisateur lorsque vous êtes sur trépied. Sans quoi, vous allez obtenir des photos floues.
Dans le cas de la photo floue précédente, j’ai finalement mis mon appareil photo sur trépied car je souhaitais conserver la même ouverture et ne pas monter en ISO. Le trépied était la solution la plus confortable. Ainsi, ma photo est toute nette.
Astuce
Pour les photos prises à bras levés, il existe une astuce très pratique pour connaître la vitesse la plus basse jusqu’à laquelle vous pouvez photographier sans risque de flou de bougé. On appelle ça la vitesse minimale de sécurité.
Cette vitesse est également à 1/focale. Un exemple concret : si votre objectif a une focale de 50 mm (c’est écrit dessus), la vitesse minimale sera alors de 1/50 s. Cela signifie que si vous descendez à 1/40 s, vous aurez plus de risque de faire une photo floue, tandis qu’à 1/60 s vous serez quasi certains d’obtenir une photo nette à bras levée.
Autre exemple, pour un objectif 100 mm, la vitesse sera de 1/100 s.
Note (pour les plus expérimentés) : Il existe une subtilité à cette astuce. Sur les petits capteurs (les compacts ou les reflex APS-C par exemple), la focale inscrite est erronée. Par exemple, un objectif 60 mm sur un reflex APS-C donne la vision d’un objectif 90 mm. Dans ce cas-là, la vitesse minimale de sécurité sera de 1/90 s et non de 1/60 s.
Vitesse et flou de mouvement
Il faut bien distinguer le flou de bougé et le flou de mouvement. Maintenant que vous savez comment éviter le flou de bougé, il est bien que vous sachiez comment gérer le mouvement.
Vous allez vous dire « Mais pourquoi gérer le mouvement puisqu’on photographie quelque chose de statique ? ».
En fait, même en photo culinaire, vous aurez besoin de gérer un mouvement, notamment si vous photographiez
- un geste,
- ou un aliment qui coule.
Ci-dessous, j’ai photographié un batteur en marche à différentes vitesses pour que vous voyez l’effet qu’a la vitesse sur le mouvement.
Plus la vitesse est rapide (en haut à gauche), plus le mouvement est figé.
Plus la vitesse est lente (en bas à droite), plus le mouvement est imprimé sur l’image et la feuille se transforme en une fumée blanche.
Figer le mouvement est important lorsque vous avez besoin de photographier un geste afin qu’il soit bien net comme sur la photo ci-dessous.
De la même manière que j’ai souhaité figer, ci-dessous, le chocolat qui coule de la louche.
En général, choisissez une vitesse aux alentours de 1/100 s, c’est déjà très bien pour ce type de photo. Les gestes sont relativement lents.
Parfois, pour une question esthétique, vous aurez envie de mettre un peu de mouvement dans votre image. Le choix de la vitesse va dépendre de l’effet que vous aurez envie d’obtenir.
Ci-dessous, j’ai saupoudré des gâteaux de sucre glace. Voyez l’effet que présente une vitesse lente (ici, 1/30 s). On a l’impression qu’une douche de sucre glace tombe sur les biscuits !
Tandis qu’en augmentant la vitesse (je passe de 1/30 s à 1/200 s), le sucre glace se transforme en petits flocons, tels de la neige. Mais le mouvement reste toujours présent.
En résumé, je vous ai préparé une petite infographie afin de comprendre le lien entre la vitesse et le résultat obtenu sur un sujet en mouvement. Les vitesses indiquées sont à titre indicatif afin de vous donner un ordre d’idée.
À vous de jouer !
Je vous ai donné tout au long de l’article les vitesses des photos à titre d’information mais il n’y a pas de règles puisque cela dépend de la vitesse du mouvement à photographier, que vous vouliez le figer ou non. C’est pourquoi, c’est à vous de pratiquer maintenant. 🙂
Voici deux exercices pour vous entraîner.
- Commencez par rechercher la vitesse minimale de sécurité de votre appareil photo et notez-la. Si vous êtes sur un reflex, vous pouvez faire cet exercice avec vos différents objectifs.
Choisissez la vitesse qui correspond à la focale de votre objectif (1/50 s pour un 50 mm, 1/80 s pour un 80 mm…). À bras levés, réalisez une photo (en veillant à ce que la photo soit un minimum lumineuse pour voir le résultat :)). Maintenez bien votre appareil photo, cessez de respirer et déclenchez.
Si la photo est nette : chapeau ! Vous êtes bien stable, vous savez bien maintenir votre appareil photo. Vous pouvez même faire un autre essai en diminuant la vitesse (vous étiez à 1/50 s ? Passez à 1/40 s.).
Si la photo est un peu floue : c’est presque ça ! Peut-être qu’il vous manque un peu d’entraînement pour être bien stable. Autrement, il est possible que la vitesse ne soit pas assez rapide, augmentez-la et recommencez (vous étiez à 1/50 s ? Passez à 1/60 s.).
Si la photo est complètement floue : la vitesse minimale de sécurité ne correspond sûrement pas à la focale de votre objectif. Ce que vous pouvez faire, c’est multiplier la focale par 1,6. Exemple : 50 mm x 1.6 = 80. Essayez une vitesse de 1/80 s. Ça ira sûrement mieux ! - Tout comme je l’ai fait avec le batteur, je vous invite à photographier un sujet en mouvement pour bien assimiler le principe du flou de mouvement. Le batteur sur socle est un très bon sujet car il offre plusieurs vitesses de rotation. Ainsi, vous pourrez vous rendre compte du lien entre la vitesse de l’appareil photo et la vitesse du mouvement à photographier.
Photographier un robinet d’eau est aussi un bon exemple car vous pourrez faire couler plus ou moins l’eau et obtenir différents résultats.
Dans tous les cas, cherchez à figer le mouvement et à laisser le mouvement s’imprégner sur l’image !
Bonjour !
c’est la première fois que je visite votre site et cet article ! Bravo pour les deux : le site est très agréable à parcourir et l’article sur la vitesse est très expliqué et illustré 🙂
Je reviendrai même si je pratique plus la proxi-photographie que la photo culinaire !
Bonsoir Gérard,
Merci pour votre passage sur mon blog !
J’ai prévu un article sur la macro dans la cuisine, la semaine prochaine. 😉
Bonsoir,
Une très belle explication et une très belle technique pour le nouveau venu dans la photographie que je suis ….
Merci et bonne continuation … /:-)
Bonjour,
j’ai acheté il y a un moment, votre livre que je consulte régulièrement. Je manque de temps pour faire de la photo aussi souvent que j’aimerais alors une petite piqure de rappel de temps en temps n’est pas superflu! Bravo pour ce blog. Il est clair, précis et très agréable. Les explications techniques sont précises et claires. . Un vrai bonheur.
Merci pour ce partage.
Bonjour Virginie..la vitesse.. est-ce la luminosité aussi?
Sur ma caméra..sur M..je peux changer la luminosité telle que tu as expliqué..1/40 etc..et le F stop..mais je ne vois pas une autre lecture pour la vitesse..Merci!
Je suis navrée mais je ne comprends ta question.
En M, quand tu changes le temps, c’est bien la vitesse que tu changes.
Aussi..l’objectif qui est sur a caméra en ce moment dir 14-42 mm..ceci dit..est-ce que cela veut dire que j’ai deux vitesse optimales?
Merci:)
Bonjour Monique,
Avec les objectifs zoom, la vitesse optimale est différente selon la focale choisie. Il n’y en a pas que 2 mais une infinité.
Bonjour Virginie. Enfin un mémo technique, pour devenir maitre du flou et du net. C’est dotant plaisant, que j’habite Poissy. Bravo et merci. Jimmy
Bonjour Jimmy,
Le monde est petit. 🙂
Merci pour ton passage sur le blog et ton message !
À bientôt.
Bonjour Virginie
J’adore votre site, depuis le temps que j’attendais un site de cette qualité parlant de photo culinaire. j’aurais bien aimé acheté votre livre mais je ne le trouve plus
Pour en revenir au sujet, il me semble que sur trépied uniquement, il faut désactiver la stabilisation de l’objectif s’il en est pourvu, sinon la photo sera floue
Bonjour Céline,
Vous avez parfaitement raison au sujet du trépied et du stabilisateur et je vais préciser cette information dans mon article.
Pour ce qui est de mon livre, il n’est plus édité, donc plus en vente.