Apprendre la photo culinaire, c’est d’abord apprendre les bases de la photographie et les termes associés.
Ce n’est pas ce qu’il y a de plus passionnant, mais je vous assure, il faut en passer par ces premiers articles techniques (un peu indigestes) pour comprendre votre appareil photo. Savoir gérer les réglages de base de votre appareil photo vous permettra ensuite de pouvoir vous focaliser sur les autres étapes de la photo. Je vous invite à consulter votre manuel conjointement à la lecture des articles techniques du blog pour savoir comment modifier les différents paramètres.
Moi-même, j’ai eu du mal à m’intéresser à la technique. Ce que je voulais, c’est faire tout de suite des jolies photos, c’est ce qu’on veut tous ! Mais je me suis rendue compte qu’il ne fallait pas brûler les étapes car les premiers clichés sont souvent très décevants. Tandis qu’une fois la technique acquise, vous avancerez bien plus vite et vous comprendrez mieux vos erreurs.
Comment fonctionne votre appareil photo ?
Ne vous inquiétez pas, je vais faire court et simple ! 🙂 Lorsque vous appuyez sur le déclencheur, la lumière passe à travers l’objectif via le diaphragme puis passe à travers un rideau métallique (l’obturateur) qui s’ouvre plus ou moins pour laisser passer une certaine quantité de lumière. Elle va ensuite frapper une surface photosensible : le capteur (ou film pour un appareil argentique).
Pour que ce soit plus clair dans votre tête, voici ci-dessous un schéma du fonctionnement d’un appareil photo.
L’image qui résulte de ce process sera plus ou moins lumineuse selon les réglages que vous allez faire. C’est ce que nous appelons l’exposition.
L’exposition ?
L’exposition correspond au degré de luminosité d’une image.
Lorsque la lumière vient à manquer et que l’image est sombre, on parle de sous-exposition. Exemple :
À l’inverse, lorsque la lumière est très présente et que l’image est très claire avec beaucoup de blanc, on parle de surexposition. Exemple :
Ces expositions extrêmes rendent les images illisibles : on perd beaucoup de détails. Clairement, ces images sont ratées ! Voici l’image correctement exposée :
Il faut donc veiller à bien exposer l’image dès la prise de vue.
Les appareils photo proposent un système de mesure d’exposition intégré, appelé posemètre, symbolisé sur l’écran par un curseur tel que celui-ci :
Il interprète la quantité et la répartition des rayons lumineux qui passent au travers de l’objectif en prenant en compte la lumière réfléchie sur le sujet à photographier. Le curseur indique si votre image est sous-exposée (curseur à gauche du 0), correctement exposée (curseur sur le 0), ou surexposée (curseur à droite du 0). Cette mesure n’est à prendre en compte qu’à titre indicatif. Les mesures peuvent être faussées par une présence trop forte de blanc ou de tons sombres.
Pour modifier la quantité de lumière qui entre dans l’appareil photo, vous allez devoir gérer 3 paramètres techniques qui constituent le triangle d’exposition :
- La vitesse d’obturation
- L’ouverture du diaphragme
- La sensibilité du capteur
Chacun est lié aux deux autres. Vous devez comprendre la nature des relations entre ces 3 éléments.
Je ne vais pas encore rentrer dans les détails, l’article serait long, il y a tant à dire. Chacun de ces paramètres seront traités individuellement dans un article.
La vitesse
La vitesse, appelée aussi vitesse d’obturation ou temps de pose, s’exprime en secondes ou en fractions de seconde (1/100 s, 1/500 s, 1/1000 s…).
La vitesse détermine le temps que l’appareil photo va mettre pour faire rentrer la lumière. L’obturateur situé au niveau du boitier peut être comparé un rideau métallique qui s’ouvre et se referme selon le laps de temps donné par l’appareil photo.
En toute logique, si la vitesse est rapide (1/500 s, 1/3000 s), l’obturateur s’ouvre et se referme rapidement, laissant peu de temps à la lumière de passer.
Et à l’inverse, si la vitesse est lente (1/10 s, 4 s), l’obturateur aura davantage de temps pour laisser passer la lumière.
La vitesse influe à la fois sur la luminosité et le mouvement.
L’ouverture
Dans chaque objectif, on trouve un diaphragme circulaire qui gère la quantité de lumière à faire passer. On peut le comparer à la pupille de l’œil qui se dilate pour laisser entrer la lumière. Le diaphragme se compose de lamelles qui vont s’ouvrir plus ou moins comme ceci :
L’ouverture s’écrit avec un f suivi d’une barre oblique et d’un chiffre : f / 2.5. Vous avez sûrement déjà vu ça.
Pour compliquer un peu les choses (ce ne serait pas drôle sinon !), la grandeur du chiffre ce correspond pas à la grandeur de l’ouverture. On pourrait croire qu’à f/2, ça ouvre tout petit. Mais pas du tout ! Plus la valeur après le f est petite, plus grande sera l’ouverture du diaphragme. Et inversement.
L’ouverture influe à la fois sur la luminosité et sur la zone de netteté des images.
Le couple vitesse / ouverture
Vitesse et ouverture travaillent en interaction pour trouver la bonne exposition. Votre travail est de trouver le bon compromis entre ces 2 paramètres pour obtenir à la fois une image suffisamment lumineuse et nette.
Si vous choisissez une petite ouverture (f/20 par exemple), la lumière passe en petite quantité dans le diaphragme presque fermé. Il faut alors compenser en ouvrant plus longtemps l’obturateur, ce qui augmente le temps de pose. Par conséquent, vous augmentez aussi le risque d’avoir une photo floue.
En revanche, si vous choisissez une grande ouverte (f/2 par exemple), le temps de pose est réduit car la lumière arrive en plus grande quantité dans le diaphragme de l’objectif. Il est alors plus facile de photographier à main levée.
Et pour vous montrer la corrélation entre ces 2 paramètres, ci-dessous j’ai photographié ce chou à des ouvertures différentes. Et pour conserver la même luminosité, j’ai dû modifier la vitesse afin de la rééquilibrer.
La sensibilité
La sensibilité du capteur est le troisième pôle du triangle d’exposition. Elle est exprimée en ISO. On la quantifie en nombre : ISO 50, ISO 100, ISO 200…. allant jusqu’à + de 25000 pour les boîtiers haut de gamme.
À ce stade, la lumière est gérer en dernier dans l’appareil photo, au moment où elle arrive sur le capteur. Ce paramètre sert à gérer la quantité de lumière sans toucher à la vitesse et à l’ouverture, ce qui peut être intéressant lorsque les conditions de lumières sont faibles.
Mais attention, ce n’est pas magique. Le choix de l’ISO a une conséquence sur la qualité de l’image. Avec un ISO élevé, vous remarquerez sur vos images l’apparition de bruit, un ensemble de petits points parasites colorés qui viennent altérer la netteté dans les détails. Ils sont davantage visibles dans les zones sombres de l’image. Il est préférable d’éviter ce rendu inesthétique dans le cas de la photo culinaire.
Selon la gamme de votre appareil photo, il gérera plus ou moins bien un ISO élevé mais si vous voulez apporter un peu de lumière à vos images sans l’altérer, je vous conseille un ISO 200, voir 400 pour certains boîtiers. À vous de tester.
Ci-dessous, un exemple flagrant de la dégradation que peut causer un ISO trop élevé. Voyez sur l’image de droite tous les petits points qui apparaissent sur le fond marron et la feuille de chou. La netteté de l’image a été grandement altérée.
Et pour ce que soit encore plus clair, voici une petite infographie.
La sensibilité influe uniquement sur la luminosité des images.
Gérer le triangle d’exposition en 3 étapes
Maintenant que vous savez qu’il existe ces 3 paramètres, vous devez vous sentir perdu et ne pas savoir quoi gérer en premier. Voici un récap tout bête pour vous aider :
- Commencez par vérifier votre ISO et fixez-la à 200 ou 400.
- Vérifiez la vitesse si vous n’utilisez pas de trépied (si vous en avez un, vous n’aurez pas à vous soucier de la vitesse). Choisissez une vitesse suffisamment rapide qui évitera tout flou de bougé. Faites des essais.
- Enfin, choisissez l’ouverture qui vous permettra d’avoir une photo suffisamment lumineuse.
Et pour finir, voici un résumé infographique du triangle d’exposition. Vous pouvez vous en servir comme mémo.
À vous de jouer !
La pratique est plus formatrice qu’un texte théorique, j’ai quelques exercices à vous proposer pour vous familiariser avec ces fondamentaux.
Pour ces exercices, il est nécessaire que vous passiez en mode Manuel (M) de votre appareil photo.
- Vous allez vous familiariser avec la vitesse. Pour cela, préparez un sujet à photographier. Fixez une ouverture pas trop grande jusqu’à f/5. Maintenant, faites une photo de votre sujet et voyez le résultat.
La photo est trop sombre ou complètement noire ? La solution : augmentez la vitesse pour que l’appareil photo laisse passer la lumière plus longtemps.
La photo est trop lumineuse ou complètement blanche ? La solution : réduisez la vitesse pour que l’appareil photo laisse peu de temps à la lumière de passer.
Vous comprenez mieux maintenant la conséquence de la vitesse sur la luminosité de la photo ? - Maintenant, nous allons faire l’inverse. Vous allez fixer une vitesse, je vous conseille 1/100 s et faites une photo du sujet sans changer quoi que ce soit.
La photo est trop sombre ou complètement noire ? La solution : choisissez une ouverture plus grande (petit chiffre).
La photo est trop lumineuse ou complètement blanche ? La solution : choisissez une plus petite ouverture (grand chiffre).
Vous comprenez maintenant la conséquence du choix de l’ouverture sur la luminosité de la photo ? - Ce dernier exercice va concerner la sensibilité. Il est intéressant de connaitre les limites de son appareil photo. Aussi, je vous conseille de tester les différents ISO proposés pas votre appareil en veillant à ce que l’image soit correctement exposée. N’oubliez pas, augmenter la sensibilité apporte plus de lumière aux images. Il vous faudra donc fermer de plus en plus l’ouverture ou augmenter de plus en plus la vitesse pour retrouver une exposition correcte.
Faites vos essais avec un sujet placé sur un fond un peu sombre. C’est dans les zones sombres qu’on remarque le mieux les bruits liés à l’ISO.
Réalisez les exercices 1 et 2 en intérieur et en extérieur, les résultats seront très différents car dehors la lumière y est plus présente, plus forte.
Et je termine avec ce dernier conseil : regardez vos images sur ordinateur et non sur l’écran numérique de l’appareil photo, trop petit ! C’est sur ordinateur que vous pourrez réellement juger de la qualité de vos images.
Je vous remercie pour ce nouveau blog.
C’est la première fois..avec vos exercices..que je VOIS comment le mode M fonctionne..je me propose d’imprimer et de pratiquer.
Je photographie toujours en A ou TV..
Le fait de partager..est très apprécié.
Monique
Ça me fait vraiment plaisir de le lire et de voir que j’ai réussi à être bien claire !
Bonne pratique Monique !
J’aurais une petite question..J’ai une Canon et une Olympus..les deux..pas jeunes:)
Mon Olympus ne semble pas avoir une ouverture moindre que F4..et ma Canon 5.6..
est-ce normal?
Je trouve que ce que vous nous montrez..rend la photographie plus intéressante:)
Bonjour Monique,
L’ouverture dépend de l’objectif. C’est tout à fait possible que la plus grande ouverture puisse est de f/4 ou f/5.6. Tous ne descendent pas aussi bas que f/2, f/1.8, etc…
Ah..je comprends..alors un objectif(lentille) différente pourrait changer l’ouverure.
Vous expliquer tellement bien!Merci..je vous laisse tranquille:)
Oui c’est ça. Encore faut-il que vous puissiez changer l’objectif de votre appareil photo, ce qui n’est pas possible sur les compacts et les bridges.
Salut, je tiens à te remercier d’avoir créé ce blog sur la photo culinaire, ça fait longtemps que je cherchais à trouver quelque chose de ce genre et aujourd’hui ton site m’apporte ce dont j’ai besoin. De plus les informations sont claires et concises franchement tu gères! Merci beaucoup
Coucou Chef Nini, avec quel appareil photo as-tu commencé à avoir de belle photographie ?
Bonjour Houria,
J’ai commencé avec un Canon 500D.
Bonjour,
C’est une mine d’or pour les débutants. Merci beaucoup pour ces articles.
Il y a un point que je n’arrive pas à bien comprendre :
Vous dites :
« Si la vitesse est rapide, l’obturateur s’ouvre et se referme rapidement laissant peu de temps pour laisser passer la lumière »
Mais vous sites aussi :
« La photo est trop sombre ? la solution augmenter la vitesse pour que l’appareil photo laisse passer la lumière plus longtemps… »
Donc du coup je ne sais plus si augmenter la vitesse laisse passer plus de lumiere ou inversement.
Merci pour votre éclairage