On va parler aujourd’hui un peu technique. Technique de composition plus exactement.
En photographie, on distingue deux types de mouvements.
- Le mouvement en tant que sujet qui consiste à photographier un geste / un mouvement. Par exemple, en photographie culinaire, ça correspond à photographier une main en train de mélanger une pâte à gâteau, une main qui dresse des meringues… Si le sujet vous intéresse, je peux vous orienter vers mon article sur la vitesse qui vous explique comment faire.
- Le mouvement en tant que composition qui consiste à utiliser des lignes directrices pour diriger le regard, apporter du dynamisme et créer un mouvement visuel.
Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est l’utilisation de ces lignes directrices pour dynamiser une mise en scène.
Les lignes directrices
En photographie, les lignes directrices sont des éléments graphiques qui permettent d’apporter du dynamisme à une composition et, quand elles sont bien employées, à diriger votre regard à travers une photo. Les lignes directrices peuvent être horizontales, verticales, diagonales et courbes. Elles ont chacune leurs propres caractéristiques.
Lignes horizontales
Les lignes horizontales sont naturelles à nos yeux car elles sont partout autour de nous. D’ailleurs, les appareils photos sont prévus pour cadrer à l’horizontal car notre champs de vision est horizontal.
L’utilisation de lignes horizontales apporte une sensation de stabilité et un côté apaisant à une photographie. C’est d’autant plus vrai lorsqu’elles sont intégrées dans un format paysage comme la photo ci-dessous.
Les lignes horizontales sont suggérées ici par les planches en bois qui viennent asseoir la photo. Associées à un cadrage paysage, elles confèrent une sensation de calme qui, d’ailleurs, convient bien à l’ambiance d’un petit-déjeuner.
Point important : veillez à ce que les lignes horizontales présentes sur la photo le soient parfaitement par rapport aux bords haut et bas du cadre. Les horizons penchés sont très désagréables à regarder et révèlent un défaut de parallélisme.
Lignes verticales
Contrairement aux lignes horizontales, les lignes verticales vont apporter de la force, voir un côté un peu agressif. La sensation est d’autant plus renforcée lorsqu’elles sont présentes dans un cadrage portrait.
Lorsqu’il s’agit d’un objet vertical, l’accent est mis sur sa hauteur, comme sur la photo ci-dessous. Les lignes verticales sont suggérées par les bouteilles et le verre, renforcées par une prise de vue face à la scène. Ce côté imposant convient bien justement à cette boisson alcoolisée. Ça lui donne plus du caractère.
Si vous souhaitez casser la verticalité des lignes, parce qu’elles vous semblent trop fortes, trop présentes, vous pouvez privilégier le format paysage comme ci-dessous. Ca marche très bien.
Point important : même remarque que les lignes horizontales. Veillez à ce que les lignes verticales présentes sur la photo le soient parfaitement par rapport aux bords gauche et droit du cadre.
Lignes diagonales
Les lignes diagonales sont celles qui vont amener un réel dynamisme et même de la perspective dans certains cas (on les appelle des lignes fuyantes).
Plus les lignes diagonales tendent à être vertical, plus l’effet dynamique sera renforcé. À l’inverse, lorsque les lignes diagonales tendent vers l’horizon, le dynamisme est atténué.
Voici un exemple de dynamisme créé par des lignes diagonales :
Les lignes diagonales sont suggérées par les poires. Elles ont été placées dans des directions opposées pour créer un tableau dynamique. Les flèches blanches montrent de manière évidente l’orientation de chaque poire. On remarque d’ailleurs que le dynamisme est plus présente à l’arrière-plan, avec la poire debout, qu’au premier plan avec la poire couchée. Mais les 3 poires réunies créées une tension dynamique intéressante.
Et voici ci-dessous un exemple de lignes fuyantes, représentées par les lignes des planches en bois qui convergent vers le fond. Elles amplifient ainsi la perspective, offrant un peu plus de profondeur pour dynamiser le cadrage paysage.
Autre exemple de lignes fuyantes, sur la photo ci-dessous. Ici, c’est la recette elle-même qui crée la perspective. L’idée est de placer plusieurs éléments dans des directions opposées, excepté celui du milieu parfaitement face à nous.
Les lignes courbes
Les lignes courbes sont un autre type de lignes directrices. Elles sont bien moins strictes que les lignes droites.
On peut les deviner lors d’une juxtaposition d’éléments comme avec les crêpes ci-dessous. Le mouvement formé en arc de cercle apporte beaucoup de rondeur et de douceur. Elles englobent en quelque sorte le beurre de framboises.
Ci-dessous, c’est la composition globale qui forme une ligne courbe, mise en valeur par un Top View.
Cas pratiques en images
Donner du rythme
Si vous trouvez votre photo un peu plate, voyez si vous ne pouvez pas corriger ça grâce aux lignes directrices en privilégiant les lignes diagonales et les lignes courbes.
Ci-dessous, les 2 pailles apportent un peu de mouvement à ce verre parfaitement vertical.
Ci-dessous : Essayez d’imaginer ces deux ustensiles côte à côte, à la verticale. Ennuyant, non ? Le fait d’avoir penché la mandoline contre la râpe a créé une dynamique de composition bien plus intéressante ! À cela s’ajoute les lignes courbes de la tagliatelle de courgette.
Maintenant, ce qui est intéressant de faire, c’est de combiner les lignes diagonales ensemble afin de créer un squelette graphique. Dans la majorité des cas, vous allez former une sorte de Z comme ci-dessous.
Bien moins stricte et plus douce, la construction en S, comme avec ces biscuits disposés comme un « serpent ». La forme arrondie des biscuits aide bien évidemment à former une courbe plutôt qu’une ligne droite.
Diriger le regard
L’un des intérêts majeurs de l’utilisation des lignes directrices, en plus d’apporter du rythme, c’est de pouvoir guider le regard. D’où le nom de lignes directrices ! 🙂
Voyez l’exemple ci-dessous. L’élément important de cette photo, c’est la madeleine coupée en deux. Pour vous « forcer » à la regarder, j’ai placé la cuillère dans le pot de yaourt en diagonale, dans le prolongement de la madeleine. Ainsi le regard suit le prolongement de la cuillère et tombe sur la madeleine, comme un doigt qui dirait « regarde, c’est ici que ça se passe! ».
Un autre exemple ci-dessous avec ce wok. Ici, il y a plusieurs lignes directrices qui pointent vers le centre du wok : le manche, entrant sur la photo depuis le coin gauche en diagonale. Et les 2 baguettes qui plongent dans le wok, dans le sens opposé au manche.
Conclusion
La photo, c’est tout un ensemble d’outils à utiliser en fonction de ses besoins et aussi de ce qui est possible d’appliquer. Entraînez-vous à voir les lignes. Je vous conseille de garder cette approche de composition en tête au moment de faire vos photos, sans forcément chercher à l’utiliser à tout prix. Vous n’aurez pas toujours besoin de vous en servir, ni même la possibilité ! Mais c’est toujours pratique de pouvoir sortir de sa boîte à outils une nouvelle technique quand on bloque face à une mise en scène.
dqiida
mw911x
x8nen9
0x3irh
n4ozo8
61qpx0
dyat2q