La macrophotographie est une discipline qui consiste à photographier un sujet de très près, en gros plan, et d’y découvrir une multitude de détails.
Les fleurs et les insectes sont les sujets de prédilection des amateurs de macro. Mais il y a tant d’autres sujets qui donnent matière à faire de belles photographies, et notamment dans votre cuisine.
Ce domaine photographique apporte un regard nouveau et original. J’aime pouvoir m’approcher de très près des aliments que je suis en train de cuisiner. Je me sens tout d’un coup lilliputienne et j’y découvre un autre univers, magique, abstrait, comme je les aime.
Le matériel
Pour se lancer dans la macrophotographie, il vous faudra un objectif dédié (c’est précisé sur l’objectif) qui permet de s’approcher à quelques centimètres du sujet sans que cela gêne la mise au point. On appelle d’ailleurs cette distance, la distance minimale de mise au point, que l’on peut connaître dans les informations techniques de chaque objectif.
Si vous ne souhaitez pas investir tout de suite dans un objectif macro, il existe des solutions alternatives.
Il y a d’abord les bonnettes que l’on visse sur l’objectif comme un filtre et qui se comportent comme une loupe. Elles permettent ainsi de pouvoir grossir son sujet.
Il existe également les bagues allonges qui viennent se placer entre le boîtier et l’objectif. Les bagues sont des anneaux de plastique d’épaisseurs variables qui vont servir à éloigner l’objectif du capteur. Ainsi, on peut se rapprocher un peu plus et obtenir un agrandissement très intéressant de son sujet.
Sur un appareil photo compact, il existe une fonction macro symbolisée par une petite fleur. Référez-vous à votre mode d’emploi pour la trouver.
Autre matériel à avoir pour ce type de photo : un trépied, pour éviter tout flou de bougé. En effet, plus vous vous approcherez de votre sujet, plus vous aurez besoin de fermer le diaphragme pour garder une profondeur de champ suffisante, et plus vous aurez besoin de compenser le manque de luminosité en augmentant le temps de pose. Alors le moindre micro geste que vous pourriez faire donnera une photo floue.
Un conseil technique à retenir
Abandonnez la mise au point automatique pour la mise au point manuelle. En étant aussi près du sujet, l’objectif a tendance à avoir des difficultés lorsqu’il s’agit de cibler un détail. Placer au bon endroit la zone de netteté se joue parfois à quelques dixièmes de millimètre. Il est donc préférable d’utiliser la mise au point manuelle pour être le plus précis possible. Une mise au point ratée donnera une photo ratée. 🙂
Quoi photographier ?
C’est souvent le hasard qui me fait trouver un sujet à photographier. Il suffit que je remarque un reflet ou un détail pour que cela m’interpelle.
C’est ce que j’aime avec la photographie. Elle nous apprend à être un peu plus attentif aux détails de ce qui nous entoure, à reconnaître plus facilement le potentiel photographique d’un sujet. La macrophotographie permet en plus de cela, de mieux voir les petites choses, de montrer ce que l’on ne voit pas toujours à l’œil nu.
De nombreux sujets dans notre cuisine se prêtent à cet exercice. En voici quelques exemples pour vous inspirer.
Les textures
Les textures offrent des photographies souvent abstraites. On met ici en avant la surface du produit : rugueuse, duvetée, humide, luisante…
Ici, du miel qui coule à l’intérieur d’un verre.
Cet effet velours vient d’un gâteau que j’ai photographié pour un client. A la fin de la séance photo, j’ai pris mon objectif macro pour capter ces vagues et cet aspect rugueux.
Je m’apprêtais à goûter une tranche de pain avec de la pâte à tartiner. La trace du couteau dans le pot et l’effet vague m’a donné envie d’en faire une photo.
Je devais photographier une charlotte aux fruits rouges surgelées pour un client. En attendant la décongélation, j’ai pris mon mal en patience en photographiant les mini cristaux de givres.
Les détails
La macrophotographie, c’est la possibilité de révéler la beauté d’un aliment en mettant en évidence un détail. Un poisson, ce n’est pas très appétissant et pourtant vous pourriez être surpris par l’élégance de ses nageoires ou le reflet « arc-en-ciel » de ses écailles.
Les graines d’une gousse de vanille, le feuilleté d’un croissant, les pépins d’une tranche de kiwi… il y a de nombreuses possibilités. Cherchez dans votre cuisine, votre réfrigérateur et voyez le détail que vous pourriez révéler sur vos prochaines photos !
La daurade que je cuisinais a été un sujet photographique qui m’a beaucoup plu ! J’en ai retenu deux photos.
Sur la photo ci-dessous, il s’agit des graines d’une gousse de vanille. Pour mettre en valeur toutes ces micro graines, j’ai placé la lumière derrière moi. Pour éviter de faire de l’ombre avec mon corps et perdre en luminosité, je me suis décalée après avoir réglé mon appareil photo. J’ai déclenché la photo à distance.
Les fruits aussi sont de bons sujet, ici un kiwi.
Ou un suprême de pamplemousse.
Les liquides
Peut-être le sujet qui me plaît le plus et qui offre de multiples possibilités : des gouttes de caramel, de sirop, de l’eau gazeuse. Les liquides captent merveilleusement la lumière et sont faciles à mettre en valeur. Ils sont un bon moyen pour commencer.
Faites attention à l’arrière-plan et à la surface sur laquelle vous photographiez. Les couleurs entourant votre sujet peuvent venir gêner l’image ou au contraire lui apporter un peu plus de magie.
Ci-dessous, une goutte de sirop de grenade.
J’ai stoppé le bain-marie de ce duo de chocolat pour capter les jolis reflets.
Exception à la règle, ce verre de bière a été photographié le soir, à la lumière d’une lampe placé juste derrière.
Je termine avec cette photo de gouttes d’eau sur une bouteille d’eau. J’ai ajouté à mon objectif macro une bague allonge pour réussir à capter les micro-bulles de la paroi. N’avez-vous pas l’impression de voir une constellations et ses milliards d’étoiles ?
La lumière
Maintenant que vous avez un sujet intéressant à photographier, il va falloir révéler sa beauté. Et pour ça, tout est une question de lumière, comme toujours en photographie !
Placez-vous près d’une source lumineuse (fenêtre, porte, baie). Vous allez devoir jouer avec la lumière, peut-être encore plus que d’habitude. Rapprochez-vous de votre sujet pour l’observer. Regardez bien ses détails. Tournez autour de lui et notez les changements que vous remarquez. Voyez comment la façon dont vous placez votre sujet par rapport à la lumière donne des résultats très différents.
La lumière frontale, ou contre-jour, va non seulement donner du relief à votre aliment mais elle va surtout servir à révéler les surfaces brillantes, baignant ainsi ces zones, de lumière. Elles se caractérisent sur la photo par une décoloration complète de la couleur d’origine de l’aliment, devenue blanche.
Aussi, si vous souhaitez photographier un aliment à l’aspect humide, le contre-jour reste un choix judicieux s’il permet tout de même de mettre en valeur son relief et sa couleur.
Si le contre-jour donne un résultat trop prononcé ou trop plat, placez votre lumière de biais à mi-chemin entre le contre-jour et la lumière latérale pour faire varier les effets. Il suffit parfois d’un simple pas sur le côté pour tout changer.
J’ai réalisé des photos classiques de ces clémentines confites (photo ci-dessous) pour mon blog puis j’ai mis mon objectif macro. La façon dont le fruit captait la lumière me plaisait beaucoup. Le contre-jour permet d’apporter cette magie qui lui est propre avec une mise en valeur des éclats nacrés dus au confisage du fruit. On a envie de croquer dedans!
La lumière latérale, placée de côté, est plus douce et harmonieuse. Elle va donner un modelé avec des effets d’ombre et de clarté plus ou moins prononcés. Cette lumière ne mettra pas vraiment en valeur les reflets mais plutôt les reliefs et la couleur du sujet.
Vous pouvez aussi jouer avec le clair-obscur afin de plonger une partie de la scène dans le noir et de mettre en lumière uniquement le sujet. Pour cela, utilisez un fond foncé – gris, marron, noir, bleu nuit.
J’ai placé ce chou, ci-dessous, sur un fond sombre, près d’une fenêtre. J’ai photographié du dessus (à pic) une partie du chou. Avec une légère sous-exposition et des retouches post-traitement, j’ai pu plonger dans un clair-obscur mon légume pour souligner la texture de ses feuilles.
Vous pouvez aussi placer la lumière derrière vous. Cela marche bien si vous avez une grande baie vitrée. Décalez-vous de manière à ce que votre corps ne crée pas d’ombre sur votre sujet. Utilisez d’ailleurs le retardataire de l’appareil photo pour avoir le temps de vous déplacer.
Sur le pop-corn ci-dessous, la lumière qui arrive directement a mis en valeur le joli effet nacré du grain qui n’a pas complètement éclaté.
Derniers conseils
Ne vous arrêtez pas à un seul cliché ! Faites différents tests, vous pourriez être surpris par certains résultats. Changez non seulement l’orientation de la lumière par rapport au sujet, mais bougez également votre corps : un pas à gauche, un peu plus au-dessus, un peu plus à droite…
Enfin, pour concrétiser votre idée de départ, n’oubliez pas de retoucher vos photos. Assombrir les ombres ou les adoucir, ajouter de la luminosité, accentuer un relief, intensifier la couleur, modifier la balance des blancs… N’omettez surtout pas cette étape, votre photo paraîtra aboutie.
Ces photos sont plus que superbes!! C’est de toute beauté! Ca donne vraiment envie de s’y essayer! 🙂
Merci Maëva !
Très instructif, surtout la partie sur la lumière (pour moi en tout cas !). Tes macros sont superbes, ça me donne envie de tester quelques trucs bientôt !
Merci Anne,
J’ai prévu 2 gros articles sur la lumière naturelle. Elle sera donc traitée de manière plus approfondie. 🙂
Bonjour,
La photo sur les gousses de vanille a, pour moi, trop de profondeur de champs.
C’est trop bizarre, j’ai l’impression qu’elle est photoshopé ou que la photo à été prise à f1,2, mais d’après la photo de l’objectif, c’est un 2,8. Je n’ai pas d’objectif macro, donc je ne suis pas un expert !!!
Mes préférés sont le duo de chocolat et le choux, les autres aussi sont bien !
Pour la vanille ce n’est que mon point de vue de simple amateur 🙂
Bonjour Vincent,
C’est bien photographié à f/2.8 (il n’y a pas de retouche sur le flou en post-traitement. Je ne le fais jamais).
En fait, il faut savoir qu’à ouverture égale, plus tu t’approches de ton sujet, plus le profondeur de champ est élevée.
De même qu’à distance égale du sujet, une ouverture à f/2.8 sur un objectif macro 100mm donnera un flou plus prononcé qu’une ouverture f2.8 sur un objectif 50 mm.
J’espère que j’ai été assez claire dans mes explications. 🙂
C’est donc ça, je connais mal les objectifs macro !
Merci pour l’éclaircissement